Côte d’Ivoire : améliorer la qualité des soins pour réduire le taux de la mortalité maternelle

Côte d’Ivoire : améliorer la qualité des soins pour réduire le taux de la mortalité maternelle

Abidjan – Fatoumata, mère de deux enfants, n’a pas gardé un bon souvenir de son premier accouchement il y a trois ans. « Je suis arrivée seule à la maternité, très stressée, avec une tension artérielle élevée. J’avais très peur pour moi et pour mon bébé. » Elle n’était pas préparée pour l’accouchement et les conditions de prise en charge sur place n’étaient pas les meilleures. 

L’expérience de Fatoumata reflète une réalité plus large en Côte d’Ivoire, où la santé maternelle reste un enjeu majeur malgré les progrès enregistrés au cours des dernières années. Selon l’enquête démographique de santé de 2021, le ratio de mortalité maternelle dans le pays est de 385 décès pour 100 000 naissances vivantes contre 614 en 2011, très loin de l’objectif mondial de 140 décès pour 100 000 naissances vivantes d’ici à 2030.

Pour soutenir le pays, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), en collaboration avec le gouvernement suédois et le Fonds Français MUSKOKA, a appuyé en 2021 l’initiative « Gbêkê Là-Haut-Là ». Celle-ci vise entre autres, à réduire les décès maternels dus aux principales complications que sont les hémorragies du post-partum, les complications de l’hypertension artérielle et l’avortement. Les aspects majeurs de l’initiative portent sur l’amélioration de la qualité des soins maternels et néonatals, le renforcement de la coordination des acteurs, l’engagement et la participation communautaires, et le renforcement de la surveillance des décès maternels. 

Dans la région sanitaire de Gbêkê, 71 femmes avaient perdu la vie entre 2020 et 2021 des suites de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement. « La plupart de ces décès auraient pu être évités. C’est pourquoi nous avons renforcé à travers ce projet, les capacités des agents de santé sur le terrain en matière de prise en charge des complications obstétricales pour une meilleure qualité des soins », a indiqué la Dre Fatoumata Touré Bamba, directrice régionale de la santé de Gbêkê.

Avec l’appui technique de l’OMS, les compétences de plus de 180 sage-femmes de 18 structures sanitaires de la région sanitaire de Gbêkê ont été renforcées. L’accent a été particulièrement mis sur la gestion active de la troisième phase de l’accouchement, critique pour la survie des femmes lors de l’accouchement. « Avec les séances de coaching et d’accompagnement, ces sage-femmes peuvent gérer correctement la troisième phase de l’accouchement qui joue un rôle important dans la réduction de l’hémorragie du post partum immédiat », explique madame Chantal Tiehoua Tuo, sage-femme, point focal santé maternelle de la région sanitaire de Gbêkê. 

En plus de ces formations, les structures sanitaires ciblées ont également bénéficié de 18 chariots d’urgence qui ont été fournis aux salles d’accouchement, contenant des outils et des médicaments nécessaires à une prise en charge rapide des accouchements et d’éventuelles complications mettant en danger la vie de la mère et de l’enfant.

Les données provenant de 15 des 18 centres de santé enrôlés dans l’initiative « Gbêkê Là-Haut-Là » font ressortir une amélioration progressive de la qualité des soins, notamment dans l’accueil et l’accompagnement des femmes pendant la grossesse, l’appui psychologique pendant et après l’accouchement, qui est passée de 43,5% % en 2021 à 59,3 % en 2023. 

« Maintenant que nous en avons une trousse d’urgence dans notre centre de santé, les accouchements sont plus sécurisés », reconnait la sage-femme major Edwige Awo Kouadio, qui fait partie du personnel formé du Centre de santé urbain de Sokoura. « Grâce à un dispositif simple et peu coûteux, nous avons appris en équipe à arrêter les hémorragies qui surviennent après l’accouchement et qui sont dues à un relâchement de l'utérus. A présent, nous sommes sereines face à des cas compliqués », ajoute-t-elle.

Le plan d’accouchement qui démarre dès les premières consultations prénatales fait également partie de cette initiative. Il prépare la femme enceinte et sa famille pour un accouchement dans de bonnes conditions, en prenant en compte sa situation médicale et sociale. Sa mise en œuvre se fait à travers un soutien tout au long de la grossesse pour identifier avec la femme le lieu d’accouchement de son choix et pour déterminer les dispositions à prendre dès le début de la grossesse.

Grâce à ce plan, Fatoumata a pu communiquer ses souhaits et ses besoins à l'équipe médicale pour son deuxième accouchement, ce qui a contribué à réduire le stress et l'anxiété pendant son accouchement. En 2023, la moitié des femmes reçues en consultation prénatale a bénéficié d’un plan de préparation à l’accouchement, chose inédite avant la mise en œuvre de l’initiative.

« Les sage-femmes sont toujours à l'écoute et très gentilles. Elles m’ont prodiguée de nombreux conseils pour mon bien-être et celui de mon bébé. Elles m’ont aidée à préparer mon accouchement petit à petit, jusqu’au jour J », relate fièrement Fatoumata, la jeune maman.  

Pour la Dre Fatim Tall, Coordonnatrice des programmes et Conseillère Technique pour la santé maternelle au bureau de l’OMS en Côte d’Ivoire, les efforts d’amélioration de la santé de la mère et de l’enfant doivent rester au cœur des priorités. « Nous voulons que chaque femme, où qu’elle soit sur le territoire ivoirien, ait accès à des soins de qualité et à un coût abordable », déclare-t-elle. « Aucune femme ne doit mourir en donnant la vie. »

 

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